En 2025, le nombre de défaillances d’entreprises en Europe a dépassé de 18 % le niveau moyen observé entre 2015 et 2019, selon les dernières données d’Eurostat. Les dispositifs d’aide publique, largement renouvelés depuis la pandémie, ont cessé d’amortir les chocs sectoriels.
Certaines branches, historiquement résilientes, voient leurs marges s’effriter alors que d’autres, pourtant soutenues par la demande, échouent à répercuter la hausse des coûts. Plusieurs marchés nationaux affichent des trajectoires divergentes sous l’effet des politiques monétaires et des tensions géopolitiques persistantes.
Panorama 2025 : où en sont les défaillances d’entreprises en France ?
Les chiffres de la Banque de France dressent un état des lieux glaçant : en ce début d’année, la vague de défaillances d’entreprises en France ne fait que s’amplifier. Après une parenthèse de relative stabilité, les procédures collectives grimpent de 35 %, retrouvant les niveaux alarmants de 2015. Le phénomène touche avant tout les TPE et PME, qui représentent plus de neuf cas sur dix. Sous le poids des marges qui s’amenuisent et d’un accès au crédit de plus en plus contraignant, le tissu entrepreneurial vacille.
La croissance française, déjà fragile, cale. Les quelques entreprises de taille intermédiaire qui sortent la tête de l’eau résistent grâce à une assise financière plus solide, mais la grande majorité des petites structures subit la double peine de la contraction du crédit et du ralentissement des commandes. Le marché intérieur ne parvient plus à compenser le repli des exportations.
Voici les principales tendances observées dans les branches et territoires les plus exposés :
- Le commerce de détail et la restauration enregistrent les plus fortes progressions de défaillances.
- La moitié des procédures se concentre en Île-de-France, Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes.
Les PME et TPE voient leur situation financière se détériorer, prises en étau entre des coûts de financement croissants et un prix des matières premières qui grimpe sans relâche. Même les PME ETI, souvent considérées comme plus solides, ne parviennent pas à effacer le malaise généralisé. L’effet systémique reste contenu pour l’instant, mais l’impact sur l’emploi et la confiance se fait déjà sentir.
Quels secteurs économiques sont les plus exposés à la crise cette année ?
L’analyse des secteurs économiques en crise en 2025 met en lumière plusieurs foyers de tension. Le commerce de détail peine à se remettre de la baisse du pouvoir d’achat, pendant que les centres-villes se vident. Dans la restauration, la spirale des coûts et la chute de fréquentation étranglent les marges tandis que les TPE PME secteurs tentent de survivre sous la pression de loyers en hausse et d’un crédit moins accessible.
Le secteur de la construction subit un coup d’arrêt brutal. La demande de logements neufs s’effondre, freinée par la hausse des taux et la prudence accrue des ménages. Les PME secteurs construction enchaînent les arrêts d’activité et les réductions d’effectifs. L’industrie souffre également, en particulier chez les sous-traitants de l’automobile, pris en étau entre la mutation vers l’électrique et la volatilité des prix des matières premières.
Quelques constats régionaux illustrent cette fracture :
- En Île-de-France, le commerce non alimentaire recule nettement.
- Dans les Hauts-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes, la construction et l’industrie encaissent de lourdes pertes.
- En Bourgogne-Franche-Comté, les TPE et PME du BTP et du transport sont particulièrement exposées.
La taille de l’entreprise pèse lourd dans la façon d’encaisser le choc. Les structures intermédiaires disposent encore de quelques leviers, là où la majorité des TPE et PME se retrouvent dos au mur. Les hausses successives des matières premières et des taux d’intérêt accélèrent la recomposition du paysage économique.
Comprendre les causes profondes : facteurs macroéconomiques et conjoncturels
L’année 2025 s’inscrit dans la suite logique d’une série de turbulences économiques déjà amorcées depuis la crise Covid. Les entreprises françaises subissent une accumulation de chocs exogènes : inflation persistante, incertitude géopolitique, demande instable. La guerre en Ukraine continue de désorganiser les chaînes d’approvisionnement, accentuant la flambée des prix des matières premières. Les conséquences sont immédiates pour les TPE et PME, dont la situation financière reste précaire.
La consommation des ménages ne parvient toujours pas à retrouver son niveau d’avant-crise, freinée par l’érosion du revenu disponible brut et un climat politique incertain. Les statistiques du premier trimestre signalent une croissance au ralenti, en dessous de la moyenne européenne. À cela s’ajoutent les droits de douane américains et les tensions commerciales entre l’Union européenne et ses partenaires, qui assombrissent les perspectives d’exportation.
Sur le plan monétaire, la politique reste restrictive. La remontée rapide des taux directeurs limite sévèrement l’accès au crédit, particulièrement pour les TPE PME entreprises. Les analyses de la Banque de France font état d’un coût de financement en hausse et d’une visibilité réduite sur l’évolution des marchés mondiaux. Quant à la loi de finances 2025, très attendue, elle doit arbitrer entre nécessité de soutenir l’investissement et exigences de maîtrise budgétaire.
Anticiper les risques et tendances : quelles perspectives pour les entreprises françaises ?
Pour les entreprises françaises, l’année à venir s’annonce sinueuse. Entre une croissance en berne et des incertitudes qui persistent, la prudence reste de mise, surtout pour les TPE et PME. La dynamique de défaillances d’entreprises, enclenchée en 2024, alimente l’inquiétude sur la solidité de l’économie française et nourrit le débat public.
Les remontées d’informations de la Banque de France confirment une aggravation des difficultés pour les secteurs sensibles aux variations de coûts et à la demande faiblissante. Les petites entreprises subissent de plein fouet la pression financière, et le spectre d’un effet domino n’est jamais bien loin. L’inflation, toujours élevée, continue d’éroder le revenu disponible des ménages et pèse lourdement sur la consommation, compliquant la sortie du tunnel.
Face à cette réalité, plusieurs axes d’action se dessinent pour les dirigeants :
- Adaptation des modèles économiques : la capacité à ajuster rapidement les prix et repenser l’offre devient un enjeu de survie.
- Investissement dans la transformation : accélérer la numérisation, améliorer l’efficacité énergétique et diversifier ses marchés constituent de vrais leviers.
- Gestion du risque : anticiper les ruptures d’approvisionnement ou la montée des taux permet de limiter les dégâts.
L’avenir des entreprises françaises se joue sur leur aptitude à traverser ce cycle chahuté. Si la reprise pointe au deuxième trimestre, elle restera fragile, suspendue aux aléas internationaux et à l’évolution du coût des ressources. Dans ce contexte, chaque décision compte et la capacité à rebondir devient un vrai révélateur de la vitalité économique du pays.


